Montreuil-sous-Bois, ville de la Seine-Saint-Denis, à l'Est de Paris, passerait pour la plus grande ville malienne d'Europe, avec ses - combien déjà ? - milliers de Soninké, Bambara, Sarakolé, Malinké... venus du Mali quasiment en ligne directe jusqu'ici. Certains témoins parlent de Maliens analphabètes, arrivés en France avec, dans leur poche, un bout de papier qu'ils n'arrivaient pas à déchiffrer, et sur lequel il y avait griffonné : Foyer Bara, Montreuil.
L'endroit est plutôt connu, y compris aux quatre coins du monde, à en croire certains sites et blogs sur Internet. Cela dit, Montreuil-sous-Bois ne serait pas une ville tellement malienne du fait d'un seul site ou foyer de travailleurs, Bara n'étant qu'un parmi d'autres foyers, disons parmi des dizaines voire des centaines d'endroits, en Seine-Saint-Denis et dans l'Île-de-France, dans lesquels s'entassent les migrants africains par dizaines de milliers.
Revenons à ce fameux foyer de la rue Bara, logé dans une ancienne usine de pianos. Pour évoquer un extrait de son curriculum vitae, le "site de l'actualité malienne au quotidien" nous apprend que "depuis sa création en 1968, le Foyer Bara qui est situé dans la ville de Montreuil, constitue le point de ralliement de tous les Maliens qui débarquent pour la première fois à Paris. Conçu officiellement pour 410 travailleurs migrants, le Foyer Bara contient aujourd’hui 1500 immigrés vivant dans une promiscuité totale et dans des conditions de vie très difficiles. C’est dans ce lointain village Sarakolé logé au cœur de Paris à Montreuil qu’a eu lieu cette année le lancement officiel du mois de la solidarité. Un choix symbolique et largement approuvé par toute la diaspora malienne en France." (source : malijet)
Autres sources :
Sur le site du Ceras, on peut lire, entre autres choses, que "Montreuil, commune de l’ex-banlieue rouge, connaît depuis une dizaine d’années un phénomène de gentrification. Ce processus opère essentiellement dans le Bas-Montreuil, quartier ouest de la ville, limitrophe de Paris. On y retrouve le binôme très inégalitaire regroupant des catégories intermédiaires et supérieures privilégiées et des catégories populaires très défavorisées. Ainsi, une véritable frontière invisible existe dans les pratiques quotidiennes du fait de la cohabitation de deux populations différentes du point de vue de leur mode de vie mais surtout leurs ressources financières et de leur statut."
Binôme très inégalitaire disent ces chercheurs en sociologie et géographie humaine.
Pour ma part, je connais le foyer Bara depuis un certain nombre d'années. Je m'y suis même rendu durant la première moitié d'octobre 2005 pour y coller des affiches, dans le cadre d'une campagne personnelle de recrutement d'animateurs bénévoles susceptibles de m'épauler dans une opération d'alphabétisation des travailleurs migrants et de leurs familles. L'opération a fait un flop, faute de réponses tant de la part des élus municipaux des villes concernées (notamment la totalité des villes de la Seine-Saint-Denis que j'ai personnellement contactées par courrier), le tout, quelques semaines avant l'embrasement de l'automne 2005 dans tant de cités ouvrières de France et de Navarre.
Le site de Bara se présente comme un espace fermé autour d'une cour intérieure carrée d'une trentaine de mètres de côté, au sein de laquelle se tenait régulièrement un marché "africain". Je veux dire par là qu'en franchissant le portail de l'endroit, on se trouvait sur une place de marché africain, avec des produits africains : racines, légumes, tubercules, préparations culinaires, produits cosmétiques introuvables sur le marché français, pommades, onguents et j'en passe. J'avoue que l'effet de dépaysement était garanti.
Ma dernière visite à Bara date du début de février 2011 et là, grosse surprise : le "marché africain" a disparu ; il reste bien un bout de marché sur le trottoir mais à l'extérieur du foyer.
Mais une fois à l'intérieur, on découvre une énorme structure en forme de conteneur bouffant quasiment la moitié de la cour, conteneur visiblement plein à ras bords de choses censées être des sacs en plastique, lesquels débordent jusqu'à l'extérieur, comme on peut le voir ci-dessous. La présence de pigeons, venus visiblement se ravitailler..., ne laisse pas beaucoup de doutes sur le contenu des sacs en question ! Et là, on se dit : "Incroyable !"
Un dernier petit détail : avant de quitter l'endroit, je repère des affichettes sur un mur, que j'entreprends d'examiner. L'une d'elles est un faire-part de décès concernant visiblement un des résidents du foyer, dont le corps doit être (a été) rapatrié vers le Mali, le 2 février (2011). Le garçon avait trente-cinq ans.
Je quitte définivement cet endroit véritablement sordide, mais où doivent s'entasser - on dit mille cinq cents, disons pas loin de - deux mille Maliens, en me disant que, le jour (la nuit !) où le feu prendra ici, avec ce portail qui fait goulot d'étranglement, il ne devrait pas y avoir beaucoup de survivants !
En guise d'annexe : ce qui suit est extrait d'un site en langue anglaise particulièrement polémique.
(...) A lot of illegal immigrants currently pouring into Spain are from Mali, Mauritania and Senegal. In the past fifteen years, thousands of immigrants from Mali settled in France's major cities, particularly in the suburbs of Paris (the so-called "banlieues" or "cités"), and they continue to arrive today in vast numbers. Mali (formerly French Sudan) and Senegal were French colonies and French is still the official language spoken in Mali. There are some 120,000 Malians in France, only 40,000 of whom have a residence permit. Many arrived as illegal immigrants, others in the context of so-called "family reunification." Between 1999 and 2004 there was an unprecedented 45 percent increase in immigration from sub-Saharan African countries.
(...)
In France polygamy is prohibited by law (since 1993) – as is the case in all western countries. But the ban on polygamy was never seriously enforced, the French government simply being unable and unwilling to do so. Immigrants often invoke their "human right" of family reunification. (In 2003, there were nearly 140,000 immigrants, more than 100,000 of whom arrived in France in the context of family reunification.) There are more than 20,000 polygamous families in France, most are from Africa. It is obvious that these migrants take their cultural and social habits and lifestyle to France, disrupting social life and harmony in the suburbs of Paris and other cities.
(...)
Un grand nombre d'immigrés clandestins débarquant actuellement en Espagne sont originaires du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal. Au cours des quinze dernières années, des milliers d'immigrants en provenance du Mali se sont installés dans les grandes villes de France, en particulier dans les faubourgs parisiens (les fameuses « banlieues »ou « cités »), et ils continuent à arriver aujourd'hui en grand nombre. Le Mali (anciennement Soudan français) et le Sénégal étaient des colonies françaises et le français y est encore la langue officielle. Il y a quelque 120.000 Maliens en France, dont seulement 40.000 ont un permis de séjour. Beaucoup sont arrivés comme immigrants illégaux, d'autres dans le contexte de ce qu'on appelle le « regroupement familial ». Entre 1999 et 2004, il y a eu une augmentation sans précédent de 45 % de l'immigration en provenance de l'Afrique sub-saharienne.
(...)
En France, la polygamie est illégale depuis 1993, ainsi que dans l’ensemble des pays occidentaux. Mais l'interdiction de la polygamie n'a jamais été sérieusement appliquée, le gouvernement français étant simplement incapable et peu désireux de le faire. Les immigrants ont souvent invoqué les « droits de l'homme » et ceux au regroupement familial. (En 2003, il y avait près de 140.000 immigrants, plus de 100.000 d'entre eux sont arrivés en France dans le cadre du regroupement familial.) Il y a plus de 20.000 familles polygames en France ; la plupart sont originaires d'Afrique. Il est évident que ces migrants importent en France leurs habitudes culturelles et sociales ainsi que leur style de vie, perturbant la vie sociale et l'harmonie dans les banlieues parisiennes et dans d'autres villes.
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