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... de bonnes intentions, dit l'adage !

L'autre jour, soit le jour même où Xavier Emmanuelli annonçait son intention de quitter le Samu Social de Paris, je faisais mes courses dans le XXème arrondissement de Paris, lorsque j'ai aperçu dans un supermarché un visage dont je me suis immédiatement dit : "J'ai déjà vu ce visage quelque part, mais où ?"

Et puis ça m'est revenu : "Mais bon sang, mais c'est bien sûr ! Je l'ai vu(e) dans le journal !"

Elle, c'était une femme africaine aperçue dans le quotidien 20 Minutes en... septembre 2006.


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Sur les tracts arborés par les manifestants, on peut lire : "Un logement, des papiers, une école pour tous"

 

Un logement... pour tous...

Et moi de me demander - ce que je fais tous les jours, en croisant des paysans africains dans les rues de Paris et de sa banlieue - comment une question aussi bien étudiée par démographes et sociologues, notamment dans sa variante concernant la migration entre les campagnes de l'hémisphère sud et les villes de l'hémisphère nord, à savoir l'exode rural, pouvait continuer d'être à ce point escamotée au sein du débat politique !

Il se raconte que l'on voit tous les jours des gens partir des pays Soninke, Sarakole, Bambara..., quitter leur village natal avec en poche un bout de papier sur lequel est griffonné "Foyer..., Rue ..., Montreuil". C'est ainsi que se serait constitué le noyau de concentration malienne de Montreuil-sous-Bois (93). Et c'est ainsi que se constituent tous les ghettos urbains à travers le monde : le paysan quitte sa campagne pour aller retrouver un(e) cousin(e), l'accumulation de paysans faisant fuir les autochtones, encore appelés "classes moyennes", conduisant à l'inévitable ghettoïsation des cités ouvrières...

...comme un marqueur du sous-développement durable !

 

Source : Libération

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«Ce n’est plus gérable», tranche Xavier Emmanuelli, 72 ans, qui fut secrétaire d’Etat à l’Action humanitaire d’urgence de 1995 à 1997. «L’urgence sociale, personne n’y croit, ça appartient aux petits hommes gris, comme disait Nietzsche. Les technos, les mecs qui pensent structure, budget, et pas souci de l’autre».

«C’est comme dans le dessin animé de Tex Avery, tout le monde se refile le bâton de dynamite avant qu’il pète. On est dans le 'c’est pas moi, c’est toi': c’est du ressort de l’État, non, c’est celui de la mairie. Ils se tirent dans les pattes, ils n’ont pas les mêmes objectifs, c’est à celui qui ne paiera pas ou, au contraire, qui se dira le plus généreux. Je me suis battu toute ma vie, je ne veux pas couvrir ça», justifie le Dr Emmanuelli.

«Quand vous êtes dans la gestion, dans un rapport de force, ce n’est plus possible», insiste-t-il.

 

Source : L'Humanité

Deux semaines après la démission de Xavier Emmanuelli à la tête du Samu social, les professionnels de l’hébergement d’urgence étaient en grève hier pour dénoncer les restrictions budgétaires.

Dans la chaleur enfin revenue, le petit square Boucicaut fourmille, rare brèche de verdure dans ce beau quartier de Paris. Parents et poussettes ne sont pourtant pas là pour prendre le soleil, mais parce qu’ils campent ici depuis des semaines. Et parce que, aujourd’hui, ils veulent témoigner, joindre leurs voix à la colère des professionnels de l’urgence sociale. Au micro, face caméra, se succèdent Khadra, Aïcha. Des femmes brisées, épuisées de devoir assurer le quotidien de leurs enfants tout en dormant dehors. Dans un pays qui compte désormais 3,6 millions de personnes pas ou mal logées, dont 133.000 sans-abri, ne sont-elles pas, après tout, les plus à même d’exprimer la galère qui gronde depuis que le 115 n’a plus les moyens de répondre aux appels ? Ou si peu ? « Plus de places en hébergement d’urgence, Madame. Quant à votre recours pour faire valoir le droit au logement, eh bien vous n’aurez qu’à repasser ! » Saturation totale. Partout. Tout le temps. Il n’y a plus de place pour vous dans notre société. Pas plus de perspectives. Circulez.

Au départ du cortège, l’émotion est vive parmi les manifestants. Trois cents personnes pour un mois d’août, c’est déjà pas mal. « Je ne suis pas indignée moi, je suis révoltée », lance froidement Fabienne Lefebvre. Cette responsable de l’aide sociale à l’enfance du Val-de-Marne sature, elle, d’être sommée d’obéir à des consignes inhumaines. « Si l’enfant a plus de trois ans, il n’y a plus de prise en charge : c’est l’hôtel ou les hôpitaux. Je n’ai jamais vu ça de ma carrière. Pour le reste, je résiste. Pas question de placer les enfants parce que leurs parents sont à la rue ou de laisser dehors une femme qui n’a pas de solution lorsque le centre ferme.»

 

Le monde de l'exclusion... associative

Le Samu social n’est pas un service public, mais une association entièrement subventionnée par l’Etat. L’antenne lyonnaise qui emploie douze salariés, dirige les sans-abri vers les quelque 1.300 places d’hébergement d’urgence du Rhône réparties dans 38 centres, dont une majorité se trouve dans l’agglomération lyonnaise. L’enveloppe accordée pour 2011 reste stable à Lyon, mais les travailleurs sociaux estiment avoir peu d’espoir de pouvoir mener à bien leur tâche l’année prochaine. Ils veulent donc attirer l’attention sur la baisse de la qualité des aides fournies.

Entre tentes sur le bitume, couchettes en carton ou en plastique, et hôtels de préfecture...

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Au risque de me répéter, je (re)pose la question, déjà posée ailleurs : "Y a-t-il une loi obligeant les villes des pays riches à héberger l'essentiel des paysans y affluant à partir de l'hémisphère Sud ?" et, par ailleurs, veut-on nous faire croire que le problème de ces "clochards" ou "SDF" allongés par terre, sous des ponts ou sur des trottoirs, se résume à une absence de logement ? En clair, suffirait-il de mettre ces clochards dans des appartements modernes pour que leurs problèmes soient automatiquement réglés ?

Cet univers relevant de l'urgence sociale fait abondamment appel à ce qu'on nomme des "hôtels de préfecture", avec des loyers payés par le contribuable et pouvant atteindre les 4000 euros mensuels (le loyer d'un gros studio sur l'Avenue Foch !).

Et c'est là que je me dis, un peu naïvement, qu'avec 4000 euros mensuels, on pourrait loger une quinzaine de familles, quelque part dans la France rurale, laquelle représente plus de deux communes sur trois.

 

Ville ou village ?

(...) Agglomération rurale; groupe d'habitations assez important pour former une unité administrative, religieuse ou tout au moins pouvant avoir une vie propre. Synon. bled (fam.), bourgade, commune, patelin (fam.). Grand, gros, petit village; village agricole, isolé, perdu; village alsacien, breton, lorrain; cimetière, église, place du/d'un village; curé, maire du village; retourner au village; quitter, revoir son village. Les maisons du village serrées autour de leur clocher (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 52): Sans doute, la dernière molécule sociale, à savoir le village, est bien encore un clan transformé. Ce qui le prouve, c'est qu'il y a entre les habitants d'un même village des relations qui sont évidemment de nature domestique et qui, en tout cas, sont caractéristiques du clan. Durkheim, Divis. trav., 1893, p. 159.

Le fait est que la France rurale dépérit, que quarante exploitations agricoles ferment chaque jour, en France, soit 15 000 chaque année. Et pendant ce temps, on installe des paysans du Tiers-monde au beau milieu des villes de France, le tout, souvent à prix d'or (voir les fameux hôtels de préfecture). Il faut dire que les associations se livrent à une véritable course à l'échalotte : c'est à qui en fera le plus en matière de droit au logement de tous... en ville !

 

Une longue phase de déclin

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Les plus beaux villages d'Europe

Moi qui ne suis pas Français de souche, et qui ai fait les vendanges en France et ai un peu voyagé à travers l'Europe, je dois dire que la France - pour m'en tenir à l'Hexagone - est un des pays de ce continent qui affiche la plus grande diversité paysagière et culturelle, bordé par deux mers et un océan, entre pays d'oc et pays d'oil, Bretagne et Alsace, Corse et Flandre...

Les associations humanitaires qui s'acharnent si férocement à installer les plus pauvres d'entre les pauvres au beau milieu des (plus grandes) villes de France connaissent-elles seulement leur pays et savent-elles que la France compte des villages parmi les plus beaux d'Europe ?

 

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Et l'Île-de-France dans tout ça ?

Une simple visite au Salon de l'Agriculture montre clairement que l'Île de France est une région très agricole. Et pour avoir habité une dizaine d'années à Villiers-le-Bel, je me souviens encore de ce vaste pré que l'on apercevait - et que l'on aperçoit encore - depuis les voitures du RER (D), à la droite de la voie, juste après avoir quitté la station Garges-les-Gonesse, en direction de Villiers-le-Bel. On pouvait voir s'y prélasser des dizaines de vaches. Et, de source sûre, l'Île de France compterait plus d'un millier de villages !

La conclusion de tout ce qui précède ?

Xavier Emmanuelli a échoué, comme avant lui, l'Abbé Pierre !

Xavier Emmanuelli ferait bien d'apprendre qu'on ne fait pas du social avec uniquement de bons sentiments.

Xavier Emmanuelli est médecin ; c'est donc un scientifique. Or le propre de la pensée scientifique, c'est l'humilité devant les faits, abstraction faite de toute idéologie, car l'idéologie, c'est l'affaire des politiques ; or la pensée politique est antinomique de la pensée scientifique.

Xavier Emmanuelli est bien gentil, et de surcroît, d'un point de vue purement idéologique, je devrais le soutenir, mais là, je ne suis pas d'accord avec lui... Parce que lui, feu l'Abbé Pierre et les autres rigolos du DAL ou des Enfants de Don Quichotte ne sont pour moi que de dangereux démagogues qui se sont toujours contentés de régler le mal logement sur un plan conjoncturel, en se contentant de traiter les symptômes, mais jamais les causes.

Ce que préconisait l'Abbé Pierre en cet hiver de 1954 relevait déjà du Samu social. Et tout le monde peut bien voir que cela n'a strictement servi à rien.

Le fait est que Paris intra-muros n'est qu'une ville d'à peine 4 millions d'habitants, sur plus de 61 millions de Français, soit moins d'un quinzième de la population totale. Mais il y a fort à parier que Paris attire une écrasante majorité des "sans-logis", des "SDF", voire des "clochards" de France, voire d'ailleurs. Et il y a là comme une anomalie, à moins qu'il n'y ait une autre explication : un effet de "courant d'air", avec un pôle d'attraction attirant les futurs "sans logis" vers les mêmes sites urbains, préférentiellement à tous les autres sites potentiels. Et ça c'est le résultat d'une politique de facilité qui ignore délibérément les travaux des sociologues et des démographes. C'est à se demander à quoi peut bien servir leur fameuse E.H.E.S.S. (Ecole des Hautes - mais peut-être faudrait-il dire Basses - Études en Sciences Sociales) !

Emmanuelli oublie simplement que s'il y a de l'Urgence dans l'acronyme "SAMU", en revanche, l'adjectif "SOCIAL" relèverait plutôt du traitement des problèmes sur la longue durée, ce qui passe par de l'instruction, une formation professionnelle adaptée et les moyens de subvenir durablement à ses besoins essentiels et accessoires, soit l'accès à l'autonomie financière. Tout le contraire de l'assistanat à perpétuité dans lequel se sont installés bien des bénéficiaires du SAMU dit social.

J'évoque, quelque part sur ce site, le cas d'une femme africaine dont j'ai été le sous-locataire durant quelques mois. J'ai juste omis de raconter la fin de l'histoire : un jour, à la suite d'une altercation un peu agitée - la personne était du type hystérique, au point qu'aucun des locataires de l'immeuble ne lui adressait la parole ! -, j'ai vu cette personne ouvrir la porte de l'appartement et entreprendre de mettre mes affaires sur le palier...

Voilà qui m'a valu de connaître le Samu social de Paris et le fameux 115. On compose le numéro et l'on tombe sur une boîte vocale qui vous invite à vous armer de patience en attendant qu'un intervenant se libère. Du coup, on a intérêt à laisser sonner longtemps... Au bout de pas loin d'une heure d'attente - à condition d'avoir des unités en nombre suffisant sur sa carte téléphonique - on a un(e) correspondant(e) en ligne.

- Vous avez déjà eu affaire au 115 ?

- Non, jamais.

Et c'est là qu'on découvre que les conditions d'accès sont draconiennes, et que si ça marche, vous n'aurez droit qu'à une poignée de nuits d'hébergement en urgence.

Ça a marché. Sur le coup de 22h30, un bus vous récupère du côté de la Porte Maillot. Malheur à ceux qui ne sont pas sur la liste ! Le bus vous dépose quelque part, non loin de la Porte de Clignancourt. Et vous vous retrouvez dans une espèce d'ancienne caserne militaire, avec plein d'autres gens. Par chance, j'avais sur moi un petit stock de ces fameuses boules pour les oreilles. Parce que côté ronflements, que de décibels ! Et dès le lever du soleil, les lumières s'allument et vous êtes priés d'aller prendre l'air, juste après être passé à la douche. Et puis, une fois dehors, il faut déjà penser à rappeler le 115, en faisant sonner longtemps... Et si on se loupe, pas de bus le soir : il faut coucher dehors... Dans mon cas, j'ai eu droit à deux nuits au Samu Social. Heureusement qu'il y a des travailleurs sociaux assez efficaces. Parce qu'au Samu Social on ne vous dit rien ; on ne vous donne aucun renseignement. On vous dit juste s'il y a de la place pour le soir ou non. Pour le reste, c'est à vous de vous débrouiller. Et c'est en cela que c'est bien un SAMU, mais certainement pas SOCIAL !

Dans mon cas, j'aurai eu de la chance ; disons quand même que je sais me servir de l'annuaire du téléphone et du métro. C'est ainsi que je suis tombé sur une assistante sociale assez extraordinaire dans un service relevant de la Mairie de Paris, du côté de la rue Ledru Rollin. C'est simple : cette femme a passé une bonne heure au téléphone pour me trouver un point de chute, et à chaque fois, on lui répondait : "Désolé, mais nous sommes complets !", jusqu'à ce que que quelqu'un lui réponde : "Oui, on a une place."

Bref, tout bien pesé, ce fut une expérience enrichissante. Mais surtout, j'en ai profité pour bien regarder partout, parce que je savais que je ne remettrais pas de sitôt les pieds dans cette ancienne caserne militaire ! Je subvenais à mes besoins avant d'être mis à la porte par ma colocataire, qui avait l'appartement à son nom. Mon problème était donc essentiellement d'ordre conjoncturel. Au bout de quelques semaines, j'avais une adresse, des quittances de loyer, et voilà !

Tout cela me conforte définitivement dans l'idée que les paysans n'ont rien à faire en ville, car ils y prennent la place des vrais citadins, notamment des plus jeunes, dont les services sociaux devraient s'occuper en toute priorité !

Les paysans, notamment les Africains ? Que l'on commence donc par leur faire visiter la France. Je veux parler de celle des villages !

Je me souviens encore d'un corps de ferme dans lequel j'avais passé la nuit, durant des vendanges du côté de Pouilly-Fuissé, non loin de la Roche de Solutré. Arrivé quelques jours avant le début des vendanges, je me suis retrouvé dormant absolument seul dans une bâtisse de plusieurs centaines de mètres carrés.

Et que dire de tous ces hameaux où l'on n'aperçoit plus que de vieilles personnes, les dernières à avoir résisté aux sirènes de la ville ?

Vive la rurbanisation ?

 

       
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