Et si l'on mettait un peu de culture au coeur de nos HLM ? | |||||||||||||||||||||
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Quand je pense à tout ce qu'on pourrait faire dans nos cités ouvrières, et qu'on n'y fait pas ! Des grappes d'adolescents dans les cages d'escalier ou dans les parties communes, des gamins désoeuvrés courant à droite, à gauche... Voilà le spectacle habituel que l'on trouve en visitant un de ces grands ensembles qui constituent bon nombre de "villes neuves", avec leurs alignements de barres et de tours. Mais il n'y a pas que des barres et des tours ! Dans bien des quartiers que je connais bien (ex. Strasbourg-Hautepierre, Villiers-le-Bel), il n'y a ni barre ni tour mais des immeubles de taille moyenne voire petite. Et pourtant, le problème reste le même, comme preuve que la taille des immeubles n'est pas en cause : à lui seul, le béton ne crée pas de ghetto ; ce sont les gens qui vivent dedans qui sont la cause des problèmes. Et à chaque fois que je visite une cité HLM, je me prends à rêver à tout ce qu'on pourrait y organiser comme activités pédagogiques, socio-culturelles ou sportives. Ce n'est pas que les associations socio-culturelles en soient absentes ; il y aurait plutôt pléthore ! Mais alors, il est où le problème ? Peut-être dans cette monotonie dans l'alignement des bâtiments ? À moins que le problème ne soit à rechercher ailleurs... Le fait est que les architectes-urbanistes ne sont quand même pas des imbéciles ; dans bien des cas, on sent de la recherche, un réel souci de bien faire. Et puis, il y avait tant de gens à loger au sortir des la dernière guerre mondiale, d'où les grands ensembles. Et comme preuve que ces cités ne sont pas que des alignements de béton, quel rapport entre les deux spécimens représentés ci-dessous ?
Ce qui est certain, et qui à moi, pose réellement problème, c'est le fait qu'on doive souvent parcourir des kilomètres pour croiser le premier kiosque à journaux, la première librairie. Ce qui veut dire, tout simplement, que les gens qui vivent ici ne sont pas des consommateurs de presse, de livres, de produits culturels ? Pour bien connaître l'ouest parisien, j'invite quiconque à parcourir une artère aussi prestigieuse que l'Avenue Foch, à Paris, et d'y dénicher un seul kiosque à journaux ! Et pourtant, les gens qui vivent ici sont souvent riches à millions ! À propos de taille : il se trouve que les immeubles d'habitation les plus élevés de la région parisienne ne se trouvent pas dans quelque banlieue ouvrière, mais bien en plein Paris, notamment dans le quartier "chinois" du treizième arrondissement. Mais ici, le gigantisme des tours ne dérange personne ; ici, il n'y a rien à faire imploser ! Il faut tout de même reconnaître que le quartier chinois de Paris n'est pas qu'un alignement d'immeubles d'habitations, car qui dit "chinois", voire "asiatique", dit intense activité commerciale, sociale. Cela dit, dans tous les quartiers populaires, dans toutes les villes de banlieue, riches ou pauvres, on trouve des équipements socio-culturels de qualité - au hasard, les médiathèques d'Argenteuil (95), de Gennevilliers (92), de la communauté de communes autour de Saint-Denis (93), la médiathèque Marcel Landowski à Boulogne-Billancourt (92), la soixantaine d'équipements du Paris intra-muros, ou encore ce projet de grande médiathèque à l'Est de Paris.
Et là encore, on se dit : "Formidable !". Seulement voilà, les statistiques sont là : autour de 25 % de fréquentation. C'est la proportion des Français qui se rendent régulièrement dans une bibliothèque publique. Et pourtant, c'est gratuit et libre d'accès. Alors, que faire ? Peut-être faire comme dans les cités universitaires, comme ci-dessous. Ici, pas de segmentation de l'habitat, avec les logements d'un côté, les bureaux de l'autre, les magasins d'un autre côté... Ici, pas de cages à lapins empilées les unes sur les autres mais de véritables lieux de vie et d'épanouissement intellectuel. On n'est donc pas surpris de tomber, ici sur un théâtre, une salle de musculation, une bibliothèque, là sur une piscine, pour ne parler que de la Grande Maison Internationale de la Cité Universitaire Internationale de Paris. Tout cela tient dans un rayon de quelques dizaines de mètres à moins de deux cents mètres autour des chambres des étudiants ! Quant à la cité Jean Zay, à Antony, elle n'est pas en reste, avec ses multiples salles de travail, son gymnase... Et moi de me demander pourquoi diable les gestionnaires des cités ouvrières de nos banlieues n'ont-ils donc jamais envisagé d'y installer les mêmes équipements socio-culturels, au plus près des habitations - que dis-je ? au coeur même des résidences ! - ce qui éviterait aux enfants et adolescents d'aller squatter les cages d'escaliers ! Tout ce qu'on peut voir ici - les équipements socio-culturels : restaurants universitaires, théâtres, gymnases, bibliothèques, salles de musculation, de musique, de travail, etc. - ne se trouve pas à côté des résidences mais bel et bien dedans ! Le gymnase que l'on aperçoit ci-dessus, par exemple, se trouve au coeur même de la cité Jean Zay : les bâtiments (A, B, C, D...) sont reliés par de longues passerelles et l'une d'elles contient cet espace sportif. Le fin mot de l'histoire ? Qu'on me prête une barre, une tour, dans ces quartiers dits déshérités. Tenez : on dit que la barre Balzac, à la Courneuve, est vouée à la démolition. Et c'est là que je demanderais qu'il soit sursis à la destruction de cette tour, qui a déjà coûté pas mal d'argent lors d'une précédente opération de réhabilitation. Parce qu'il serait facile de démontrer que les barres et tours ne sont pour rien dans le marasme des quartiers en question, l'essentiel du problème résidant dans la faible instruction d'une grande partie de la population de ces cités, je pense notamment à tous ces paysans venus de l'hémisphère sud, et majoritairement des campagnes africaines. Le fait est que depuis plus de trente ans que l'on détruit des barres et des tours, dans ces quartiers dits défavorisés, pas grand chose n'a changé, et il y a fort à parier que pas grand chose ne changera. Question : et si l'on essayait autre chose, comme l'installation de quelques centaines à milliers d'étudiants dans ces cités ouvrières devenues, de fait, des no-man's land culturels, histoire d'en relever le Q.I. moyen des habitants ? Le faible Q.I. de la grande majorité des habitants de ces quartiers ouvriers, voilà la raison majeure du marasme qui pèse sur ces cités, en raison de cette politique inconsidérée ayant consisté à faire venir des campagnes du Tiers-monde des hordes de paysans qui n'avaient pas le mode d'emploi pour vivre ici et pour y élever des enfants. Et la simple destruction de barres et de tours ne changera rien au problème ! Faisons donc un rêve : Ça serait, par exemple, de surseoir à la destruction annoncée de la barre Balzac, qu'on nous prêterait pour une durée de 24 mois (deux ans). Dans un délai de 72 heures, via le CROUS, les syndicats d'étudiants, l'Association pour l'Emploi des Cadres, les fédérations professionnelles et artisanales, je recrute un millier de souscripteurs, dont deux tiers d'étudiants et un tiers de professionnels (artisans, créateurs d'entreprises, etc.), moyennant une souscription - répartie sur la première année - de 1000 euros par étudiant, 2000 à 3000 euros par professionnel. Estimons la souscription moyenne à 1500 euros par personne. Cela nous ferait (pour le millier de souscripteurs) 1.500.000 euros avec lesquels on devrait pouvoir faire un certain nombre de choses particulièrement intéressantes, à commencer par la sécurisation des accès. Le montant de la souscription pourrait être confié à un gestionnaire-superviseur, qui pourrait être la municipalité, le conseil général ou régional, et pourquoi pas la préfecture, voire tout ce monde à la fois ? Le but de l'opération ? Transformer Balzac en un pôle d'excellence au sein même d'une banlieue qui en manque cruellement. Le programme pour notre pôle d'excellence ? - l'alphabétisation de 100 % des adultes, à commencer par les populations issues de l'immigration, et tout particulièrement les mères de famille (voir rubrique PMI). - l'objectif de 100 % de réussite scolaire accessible en deux temps : réussite scolaire totale chez les élèves de primaire dès la première année (2010-2011)), réussite scolaire totale ches les collégiens dès la deuxième année (2011-2012). - loger autour d'un millier d'étudiants et quelques centaines de créateurs d'entreprises (dans plus de 280 appartements), le but étant de ne pas laisser ces quartiers devenir des ghettos de paysans du Tiers-monde. Tout le monde sait - ou devrait savoir - que la réussite scolaire est l'antidote le plus efficace contre la violence et les incivilités. C'est la raison pour laquelle les étages inférieurs seront équipés de salles de lecture, salles informatiques, bibliothèques, salles de musique, salles de sport..., ces installations étant accessibles 7 jours sur 7 et 365 jours par an. Tout le monde sait - ou devrait savoir - que l'échec scolaire, qui mine structurellement les enfants de milieux modestes, se nourrit essentiellement des insuffisances dans l'encadrement assuré par les parents, lacunes tenant autant à la faible instruction de ces parents qu'à la faiblesse de leurs revenus, le tout allant nourrir tout un flot de frustrations. J'affirme, donc, que si les étudiants logés en cités universitaires disposent de bibliothèques, de salles informatiques, de musique, de sport... présentes au coeur même des résidences, je ne vois vraiment pas pourquoi les mêmes équipements ne se retrouveraient pas aussi au coeur des tours et barres de HLM ! Un petit test, juste pour rire (enfin, je me comprends) : Place d'Italie, dans le 13ème arrondissement de Paris, il y a une bibliothèque municipale sur l'Avenue Vincent Auriol et, sur le coin du même pâté de maison, deux restaurants "américains" : KFC et MacDonalds. J'invite tous ceux et celles que ça intéresse à y passer un samedi après-midi, par exemple, et à comparer la cohue régnant dans les restaurants avec le calme régnant dans la bibliothèque municipale... gratuite ! Détruire des immeubles d'habitation juste pour faire joli ? Pourquoi pas ! Mais, entre nous, ce qui me désespère, c'est qu'on n'ait rien trouvé de plus intelligent que de faire imploser bêtement des immeubles récents, qui ne menacent pas ruine, qui sont garnis d'équipements qui font cruellement défaut à des millions de Français vivant dans de vieux immeubles comme on peut en voir des dizaines de milliers d'exemplaires en plein Paris, par exemple... Je ne saurais donc trop inviter les habitants de certains quartiers dits "défavorisés" à s'offrir une petite visite touristique du Paris populaire, où l'on se lave encore à l'aide d'une bassine, dans la cuisine, où l'on va aux toilettes sur le palier, ne parlons même pas de l'ascenseur et du chauffage central, inexistants... Priorité des priorités : commencer par relever le Q.I. moyen des habitants de cités, pas si "défavorisées" que ça (au départ !). |
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Cité Balzac, La Courneuve (93) |