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N. B. Le texte qui suit fait partie d'un gros dossier adressé, en juin 2005, à l'ensemble des partis politiques représentés à l'Assemblée Nationale, ce qui m'a valu quelques réponses (cf. Courriers). Depuis lors, j'ai enrichi le document d'origine de quelques éléments supplémentaires tirés de la presse.

Auto-citation :

Imaginez une (jeune) mère de famille, illettrée, voire analphabète, allant acheter des médicaments à la pharmacie. Entre nous, comment va-t-elle s'y prendre, une fois rentrée chez elle, pour identifier le bon médicament et pour bien en lire la posologie ? Autrement dit, les enfants de cette femme, voire la femme elle-même, ne sont-ils pas en grand danger chaque fois que la mère ouvre un flacon ou une boîte de médicaments ? En d'autres termes, le droit à l'alphabétisation ne devrait-il pas figurer dans les obligations minimales et basiques que tout pays civilisé doit à ses habitants, qu'ils soient indigènes ou étrangers ?

Je suggère que le droit de toute mère de famille de pouvoir déchiffrer correctement le mode d'emploi d'un médicament soit inscrit en bonne place dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme !

En attendant le grand soir, je ne saurais trop suggérer aux innombrables associations de quartier qui, entre autres occupations, gravitent autour des populations pauvres, défavorisées, généralement "issues de l'immigration", de sortir d'un certain angélisme – les bons sentiments, ça va un moment, mais ça n'a jamais sorti personne de l'illettrisme ! – et de s'imposer une véritable obligation de résultats.

La méthode idéale ? Je ne la connais pas ; je me contenterai, donc, ici, de vous indiquer la mienne :

1. D'abord, on apprend l'alphabet… (voir annexe ci-dessous).

2. Ensuite, on apprend à écrire (car il y a du "lu" dans "l'écrit" : en écrivant, je lis forcément ce que j'écris (!), la réciproque n'étant pas vraie).

Fin de citation

 

Lu sur un forum sur Internet :

Deux avenues

Face aux étrangers, ultimement, il n'y a que deux avenues : l'intégration ou l'exclusion.  La politique canadienne (la politique d'immigration au Québec est essentiellement canadienne) est à la fois hypocrite et efficace.  Elle est hypocrite, car elle affirme que les différences sont les bienvenues et que les cultures étrangères sont libres de s'épanouir, alors que l'objectif réel est l'intégration.  Elle est efficace. car ne se sentant pas agressés, les étrangers baissent la garde et s'intègrent progressivement. L'intégration, rappelons le, est affaire de générations, pas d'années. Je suis issue d'une famille juive, qui a résisté à des siècles d'antisémitisme, que dire des millénaires et qui, au Canada, s'est intégrée en deux générations. Mon épouse est africaine, musulmane et nos enfants s'intègrent bien.   Notre grande difficulté au Canada et ailleurs en Occident est d'intégrer un groupe spécifique, les analphabètes étrangers, c'est notre plus grande faiblesse.  Les adultes étrangers analphabètes échouent généralement au plan économique et social, leurs échecs restreignent considérément leur autorité auprès de leurs enfants, qui sont alors laissés à eux mêmes, n'ayant aucun modèle de réussite à qui s'identifier.  Ces jeunes sombrent alors dans la délinquance et créent un cercle vicieux de pauvreté à la fois social, économique et culturel.

Fin de citation

 

L'un des problèmes auxquels, pour sa part, la France est confrontée tient probablement à cette impression permanente de quadrature du cercle que l'on peut déceler à divers niveaux de l'organisation sociale. Ce pays se targue de républicanisme mais préserve religieusement tous les avatars de l'absolutisme monarchique et oligarchique, du château de Versailles au tombeau de Napoléon, en passant par les châteaux de la Loire. C'est aussi un pays où l'on déblatère volontiers sur la laïcité, mais où les principales vacances scolaires (Toussaint, Noël, Pâques), voire certains jours fériés (cf. l'Assomption, le 15 août) sont d'inspiration religieuse. Mais il y a aussi cette légende bâtie autour de Jules Ferry et de ses lois (1881-1882) sur l'instruction publique et sur la laïcité.

Et tout le monde de s'extasier sur ces belles lois garantissant l'instruction publique pour tous... Tous ? En êtes-vous bien sûr(e)s ? Parce qu'à la lecture des législations post-Ferry, on a mis en place un régime d'instruction obligatoire, certes, mais une instruction limitée à seize ans. Car, après cette borne, la société (je veux dire l'Éducation... Nationale et non pas Infantile) ne vous connaît plus !

Quand je parle de P.M.I., c'est sur la base d'une réalité trop souvent occultée, dont j'estime qu'elle devrait faire l'objet d'une inscription dans toute loi fondamentale ou Constitution, à savoir que :

"Tout enfant devrait avoir le droit de disposer de parents instruits, ou en tout cas jouissant d'un niveau d'instruction équivalant, au minimum, au niveau théorique atteint à la fin de la période d'instruction obligatoire."

En clair, l'instruction obligatoire s'achevant à seize ans, avec le Brevet d'Études du Premier Cycle, tout enfant devrait avoir le droit de disposer de parents jouissant au minimum d'un bagage intellectuel correspondant à la Troisième des Collèges.

Voilà ce que moi, je ferais voter par un Congrès réuni à Versailles, par exemple, comme amendement à la Constitution de la Cinquième République. Car s'il est un scandale insupportable, et responsable de bien d'autres scandales en cascade, c'est le fait d'avoir des enfants livrés à eux-mêmes sur le plan scolaire, lorsqu'ils rentrent à la maison, alors que tant d'autres enfants ont droit à toute la sollicitude de parents instruits.

Ce qui a fait dire à Claude Allègre, alors ministre de l'Éducation nationale :

Il y a moins d'enfants des classes modestes qui accèdent à l'enseignement supérieur qu'il y a trente ans (en valeur absolue, par rapport aux milieux aisés), alors que, dans l'intervalle, on a multiplié par sept le nombre d'étudiants accédant à l'enseignement supérieur. Claude Allègre, interview Karl Zéro, Le Vrai Journal, Canal +, 6 octobre 2002.

Et si tant d'enfants de milieux modestes échouent systématiquement dans leur progression scolaire, ce brave Allègre, à l'instar de tant de ses collègues du monde politique, se garde bien de dire la vérité, qu'il connaît pourtant, à savoir que la famille joue un rôle déterminant dans la réussite des enfants, ce qui se démontre aisément par la réussite insolente des enfants d'enseignants, d'intellectuels et de chercheurs..., toutes gens sachant parfaitement que le fossé entre élèves se creuse à la maison !

La maison ? Parlons-en !

Et imaginons, un instant, les conditions de vie des enfants de cette paysanne africaine, photographiée aux côtés de l'Abbé Pierre...

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Ou encore les conditions de vie des enfants des gens représentées ci-dessous :

immigrant

On les appelle des "sans-papiers", mais ce sont surtout des paysans et des paysannes en provenance du Tiers-monde, notamment d'Afrique.

Car la très grande majorité d'entre eux, les sans-papiers de l'Eglise Saint-Ambroise ou impliqués dans la manifestation évoquée ci-dessus sont des paysans venus d'Afrique avec un bagage intellectuel plus qu'insuffisant - quand on sait que bon nombre d'entre eux ne savent ni lire ni écrire -, qui va en faire des handicapés profonds dans la gestion de l'éducation de leur progéniture dans un univers de pays industrialisé auquel ils ne comprennent pas grand chose, ce qui m'incite à reprendre les mots de cet internaute québecquois évoqué plus haut :

Notre grande difficulté au Canada et ailleurs en Occident est d'intégrer un groupe spécifique, les analphabètes étrangers, c'est notre plus grande faiblesse.  Les adultes étrangers analphabètes échouent généralement au plan économique et social, leurs échecs restreignent considérément leur autorité auprès de leurs enfants, qui sont alors laissés à eux mêmes, n'ayant aucun modèle de réussite auquel s'identifier. 

Le problème est, précisément, que les lois Jules Ferry et tous leurs avatars aient figé l'objectif tiré de l'instruction obligatoire à la fin de l'adolescence, soit actuellement seize ans en France. Donc, après seize ans, débrouillez-vous ! Du coup, voici ce qu'on propose à des jeunes "issus de l'immigration" : le statut de traducteurs pour leurs parents !

immigrant

 

"Les différences de niveau et de parcours font que l'hétérogénéité de ces classes est énorme...". Du coup, on fait avec les moyens du bord et l'on rafistole ici ou là, sans jamais produire le moindre bilan de tous ces programmes d'insertion : par exemple, combien de ces jeunes primo-arrivants parviennent à décrocher qui le BEPC, qui un BAC général, qui une qualification professionnelle (CAP, BEP, BAC Pro...) ? Nul ne le sait. Ce qu'on sait, en revanche, est que les quartiers où s'entassent les populations en question sont régulièrement estampillés "Zones Urbaines Sensibles".

Sur la quatrième de couverture de l'ouvrage de Hugues Lagrange, Le déni des cultures (Seuil, 2010), on peut lire ceci : "La plupart des hypothèses visant à expliquer la dérive des cités sensibles (chômage, délitement de l'autorité...) font l'impasse sur sa dimension culturelle. Et quand elles la mentionnent, c'est pour la caricaturer sous les traits d'un communautarisme dont on stigmatise les expressions en négligeant les discriminations et la ségrégation qui l'alimentent... Loin de considérer les constructions culturelles des quartiers d'immigration comme des produits d'importation marqués d'une irréductible altérité, il y voit le fruit d'une douloureuse confrontation entre des héritages culturels, des tentations de "retraditionnalisation" et une société d'accueil elle-même victime d'un grand backlash idéologique et moral..."

J'observe dans ce résumé, comme dans tout l'ouvrage, d'ailleurs, un usage assez complaisant des poncifs sous la forme de l'euphémisation (ex. les "cités sensibles"), tout comme une forte propension au glissement de sens, puisque dans l'exemple cité, on part de "la dérive des cités sensibles" pour parvenir aux "constructions culturelles des quartiers d'immigration", sous entendu : "cités sensibles" et "quartiers d'immigration" revêtent un seul et même contenu, ce qui n'est démontré nulle part dans ce bouquin ! Et venant d'un "sociologue", la méthode est assez étrange.

Sur ce site même, je présente un "bourg" français peuplé de plusieurs milliers de personnes et affichant autour de cent quarante nationalités, mais qui est tout sauf une "cité sensible", comme preuve que "quartier d'immigration" et "cité sensible" ne sont nullement synonymes, ou alors sous certaines conditions qu'il incombait à Lagrange d'expliciter, ce dont il s'est bien gardé dans un ouvrage un peu trop vite encensé par une certaine critique !

Le fait est que, si Lagrange n'avait pas tenu à verser dans l'euphémisation, il aurait exprimé bien plus simplement la problématique de très nombreux quartiers populaires, tenant à la sous-instruction - bien plus qu'à l'origine étrangère ou culturelle - de leurs habitants adultes, avec tout ce que cela suppose comme répercussions du côté de la progéniture.

"... Faire les démarches pour leurs parents... Ils vont leur servir de traducteurs...", déclare J. J. Touati, qui n'a visiblement pas l'air de réaliser l'énormité de ses propos. Car ce qu'il propose à ces jeunes étrangers ce n'est rien d'autre qu'une double condamnation :

- condamnation à se contenter d'un bagage scolaire minimal, juste suffisant pour qu'ils puissent faire les démarches pour leurs parents ;
- condamnation à devoir se satisfaire de parents en pleine dévalorisation sociale, car on imagine le sentiment d'humiliation pour un(e) jeune, que de devoir accompagner le père ou la mère dans les administrations et de devoir supporter le regard des autres, mais ça, c'est probablement trop compliqué à comprendre de la part de ce brave M. Touati !

Fort heureusement, nous avons des contre-exemples à l'anti-modèle d'intégration présenté ci-dessus. Prenons, par exemple, cette jeune Camerounaise, même pas née en France, qui a connu son heure de gloire lors de l'année scolaire 2009-2010.

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Arrivée en France en 2005, Déesse a pris de l'avance en primaire... au Cameroun. Le problème est que c'est la plus jeune des trois soeurs, probablement aussi douée que ses aînées, qui risque de pâtir de la lourdeur et de la rigidité du système scolaire français, puisqu'à onze ans, soit à l'âge où Déesse était déjà en Seconde, elle (n')en est (qu')à se préparer à passer en Quatrième ! C'est à se demander si les parents n'auraient pas mieux fait de laisser la plus jeune fille au Cameroun, où elle aurait marché sur les pas de ses aînées !

Autre chose ? "Sa recette : travailler toute seule et quand je ne comprends pas, je demande à mes parents...". Et là, on se dit : "Incroyable !"

C'était donc ça le fin mot de l'histoire : les parents ! Comme quoi, Claude Allègre et tous ses collègues politiciens (les Luc Ferry, Gilles de Robien, François Bayrou et autres Xavier Darcos ou Luc Chatel...) racontent n'importe quoi avec leur antienne sur l'école de la République ! "Je demande à mes parents", ça veut dire que la première des zones d'éducation prioritaire, c'est le domicile familial, bien plus que les prétendus internats d'excellence !

Tiens, en évoquant les zones d'éducation prioritaire : prenons le cas de la petite Inès.

ines ines ines

Ci-dessus : cette gamine fut ma voisine de palier durant quelques années, et le jour où j'ai remarqué quelle disposait d'un petit ordinateur parlant, en plastique, à l'aide duquel elle avait appris tout l'alphabet, j'ai immédiatement entrepris de lui apprendre à écrire. Sur ces trois photos, on la voit à quatre, cinq et six ans. Et comme on peut le voir, à quatre et cinq ans, elle pouvait déjà écrire des mots, comme le prouve la dictée qui suit (réalisée à la maison) :

ines

Petite précision utile : malgré la grande avance qu'elle affichait sur ses camarades de classe, à son entrée en CP, Inès allait connaître un début de scolarité assez infernal, l'institutrice étant une adepte de la méthode dite "globale de lecture" et allant même jusqu'à affirmer à la mère que sa fille était dyslexique parce qu'elle était réfractaire à la méthode appliquée en classe !

Voilà comment l'école de Jules Ferry fabrique des illettrés, notamment parmi tous ceux qui n'ont pas la chance d'avoir des parents instruits. Je suis, donc, particulièrement bien placé pour témoigner qu'un enfant particulièrement bien encadré à la maison peut voir ses performances scolaires dégringoler en classe, du fait de l'incompétence de certain(e)s "professionnel(le)s".

Alors, on imagine l'étendue du marasme, entre les adultes analphabètes et illettrés venus de l'hémisphère sud, les jeunes primo-arrivants auxquels on se contente de fournir une instruction virtuelle, juste suffisante pour en faire des traducteurs pour leurs parents, voire les sujets nés en France et stigmatisés par le faible niveau d'instruction des parents...

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Alors, bien entendu, d'aucuns font mine d'aider ces gens, à coups de simulations de cours d'alphabétisation, de séances d'aide aux devoirs, de soutien scolaire, etc., toutes procédures frappées du sceau de la médiocrité, ce qui explique, de mon point de vue, le mal fou que j'ai eu à entrer en contact avec les associations de quartier, des plus petites aux plus grandes (cf. Rubrique Courrier/courrier n° 4)..

Le fait est qu'avec un peu de méthode, on arrive très bien à des résultats tangibles, comme ici, avec cet analphabète guinéen d'une trentaine d'années (nous l'appellerons Mamadou). Lorsque je le rencontre, il fréquente, depuis huit mois, une association d'alphabétisation parrainée par la Ville de Paris et adepte de la "méthode globale de lecture". Je constate qu'il connaît vaguement son alphabet, confondant encore certaines lettres, par exemple le "i" et le "u". Je le verrai en tout et pour tout sur moins de quinze séances de deux heures chacune. Nous sommes partis du niveau zéro de déchiffrage ; je veux dire par-là que le sujet était totalement analphabète et ne pouvait strictement rien écrire. Le numéro de la séance doit être visible sur les documents.

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Programme d'alphabétisation de sujets analphabètes de tous âges (= n'ayant jamais écrit dans quelque langue que ce soit)

Le programme qui suit a été élaboré en multipliant par cinq le temps requis en cours particulier - sur la base de ma propre expérience -, de manière à obtenir une estimation du temps nécessaire en cours collectifs (classes de dix élèves).

* Étape préliminaire : apprentissage de l'alphabet à l'aide d'une méthode ad hoc (méthode M. P. M. de ma conception)
 
= condition sine qua non de l'admission en cours d'alphabétisation
* Deuxième étape : cycle préparatoire (équivalent du CP) : acquisition de tous les phonèmes, à l'oral et à l'écrit...
  phonèmes simples, complexes, composés, diphtongues :                           100 heures
* Troisième étape : Cycle élémentaire (CE1/CE2) : bases de l'orthographe, de la conjugaison et de la grammaire
  Calcul : les quatre opérations, initiation à l'arithmétique :                          200 heures
* Quatrième étape : Cycle moyen (CM1/CM2) : consolidation des acquis ; maîtrise des verbes à tous les modes et à
  tous les temps ; système métrique, nombres décimaux, géométrie... :        400 heures

 

Au total, selon mes estimations, tout sujet analphabète mais connaissant l'alphabet latin devrait parvenir à acquérir, en 700 heures, les connaissances de base requises, en français et en calcul, pour accéder à la Sixième des Collèges.

700 heures, soit 250 jours à raison de séances de 3 heures par jour (dans l'idéal : une heure de français, une heure de calcul et une heure de pratique de l'ordinateur), soit un peu plus de huit mois.

700 heures pour acquérir le minimum requis pour accéder au collège, cela veut dire que dans ce court laps de temps, j'assure 100 % de réussite à n'importe quel élève du primaire, et ce, quelles que soient ses difficultés au départ.

Bien évidemment, le programme ci-dessus est inimaginable sans une pédagogie rigoureuse, laquelle reposera exclusivement sur du matériel pédagogique de ma conception, qu'il incombera aux animateurs recrutés pour cette cause d'appliquer à la lettre !

Principaux bénéficiaires présumés du programme qui précède :

- les primo-arrivants francophones, analphabètes ou illettrés, mais aussi les non francophones, et tout particulièrement les mères de familles, parce que, selon ma propre expérience, la réussite scolaire des enfants dépend à 80 % du Q.I. de leur mère !

- tous les élèves en échec scolaire, dont la remise à niveau sera d'autant plus efficace qu'elle sera précoce.

Mais j'en entends déjà qui s'interrogent sur cette méthode miracle, permettant à un sujet analphabète d'effectuer l'ensemble du parcours du cycle primaire en à peine 700 heures, soit un peu plus de huit mois, à raison de trois heures par jour ! Mais c'est impossible, voyons !, doivent-ils penser !

Je me contenterai de leur faire observer que je ne vois pas très bien en quoi je serais responsable de l'incompétence des instituteurs/trices de ce pays, puis j'attirerai leur attention sur la dictée de mots réalisée par la petite Inès et affichée plus haut, sachant que j'ai eu avec cette gamine moins de dix séances de travail au total, à rapprocher des 14 séances (= 28 heures) effectuées avec Mamadou...

Voilà qui devrait nous fournir l'occasion de convaincre les esprits les plus dubitatifs, non ? Tant il est vrai que, dans les sciences, on n'affirme pas, on prouve !

 

 

Petit supplément illustré :

Illustration particulièrement dramatique d'une triste réalité, à savoir que l'école de Jules Ferry s'avère incapable d'établir une quelconque égalité des chances, le cas des enfants NSA (non scolarisés antérieurement). Nouvel Observateur du 30 janvier au 5 février 2003 : Christophe S. enseigne le français à quinze enfants qui n'ont jamais été scolarisés, donc analphabètes. Un bel exemple du "Tout et n'importe quoi" dont certains se sont fait une spécialité : mettre des sujets analphabètes dans une classe, en leur faisant croire qu'ils vont sortir du marasme.

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L'ennui, c'est que, lorsqu'on prend une loupe, pour examiner le texte rédigé au tableau noir, à l'intention de ces élèves jamais scolarisés auparavant, on découvre le texte suivant :

Je peux sortir avec Natouha Madouga
– Je peux sortir avec Barbara Moussa
– Je peux sortir avec Léa …
– Mais je ne veux pas,
– Je veux sortir avec Nawal Benoul.

Ils savent à peine distinguer le "a" du "b" que voilà que, déjà, on leur assène des phrases toutes faites pour, ensuite, les balancer dans des classes correspondant non pas à leur savoir-faire linguistique mais tout bonnement à leur âge (J'ai encore en mémoire, une jeune Srilankaise arrivée en cours d'année scolaire [2009-2010] dans une classe de Quatrième, elle qui ne parlait pas un mot de français !)...

Quant au programme d'alphabétisation vanté par le Nouvel Observateur, si seulement l'auteur du papier avait eu quelques notions de pédagogie, il en aurait dénoncé l'imposture consistant, pour l'enseignant, à bricoler à partir de quelques ingrédients tirés de la fameuse méthode globale de lecture : ils n'ont jamais tenu un crayon, jamais conjugué le moindre verbe, mais avant même d'avoir appris le B-A-BA, ils doivent déjà déchiffrer une petite histoire, qu'on se contente de leur faire ingurgiter comme le ferait un perroquet ! Ces malheureux gamins vont aller grossir le contingent des jeunes scolarisés puis déscolarisés sans jamais sortir véritablement de l'illettrisme. Et cette sinistre pantalonnade a lieu dans un établissement public, avec l'argent des contribuables, et les félicitations du Nouvel Observateur !

Et après, on s'étonnera que les écoles publiques figurent en bonne place parmi les cibles les plus appréciées des hooligans et autres incendiaires, lors des fameuses jacqueries urbaines qui émaillent régulièrement la vie de nos cités "sensibles".

villiers le bel

Villiers-le-Bel, 2008, chantier de reconstruction de l'école Louis Jouvet incendiée à l'automne 2007

       
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