Revue de presse |
|||
RETOUR :: | |||
RP01. Alain Bentolila (linguiste) dixit: S'ils (les jeunes adultes illettrés) possèdent une langue orale approximative, ils n'ont aucune idée de ce qu'est la langue écrite (…).On met la lecture en avant, mais en fait, cela cache, ce qui est plus grave, l'énorme difficulté de l'écriture. (…) Qu'est-ce qu'on fait au plan national ? Ma réponse est qu'on ne fait pas grand chose… Patricia Martin : Je croyais qu'il y avait un groupe d'intervention permanent ! Alain Bentolila : Sa permanence n'a pas donné beaucoup d'effets : faiblesse de la volonté politique… Un jeune adulte sur dix est illettré, soit plus de 70.000 nouveaux illettrés tous les ans… Ces jeunes ont passé près de quatorze années à l'école… L'école a complètement échoué dans sa capacité à repousser l'analphabétisme. Alain Bentolila, linguiste, interview Patricia Martin, France Inter, 7 janvier 2000. RP02. Lutter contre l'illettrisme et l'illectronisme L'implantation grandissante, dans la vie courante, des nouvelles technologies et la montée très préoccupante de l'illettrisme appellent des réponses nouvelles. Seules des mesures adaptées à chaque individu en fonction de ses besoins permettront de s'attaquer sérieusement à l'illettrisme et à "l'illectronisme". Le CESR recommande donc : - d'accélérer l'aide à la création, à l'extension et à l'équipement de bibliothèques, particulièrement les bibliothèques de quartier trop peu nombreuses ; Extrait d'une plaquette de présentation : L'Ile-de-France. Une région pour les jeunes. Les recommandations du Conseil Economique et Social de la Région Ile-de-France.
(…) Dans le quartier, la population s'est diversifiée. Les plus anciens, les Maghrébins et les originaires d'Afrique de l'ouest et du centre, ont été rejoints par des Turcs, des Tamouls, des Haïtiens, des Comoriens. La PMI s'est adaptée et fait appel à des interprètes. Comme pour cette Sri Lankaise, charmante, venue pour un suivi de grossesse, qui ne comprend ni le français ni l'anglais. Et répond invariablement "oui" à toutes les questions. (…). Au mur, des affiches indiquent qu'un écrivain public est disponible au centre socio-culturel. Libération, 12 janvier 2006, p. 16. RP04. Plus de 2 millions de personnes vivent avec la honte, le plus souvent cachée, de ne savoir ni lire ni écrire. Un phénomène de société alarmant. La Croix-Rouge Française en a fait l'une de ses grandes priorités, au cœur de son combat contre les exclusions et les souffrances. Avec plus de 151 délégations locales mobilisées, elle est l'un des principaux acteurs de la lutte contre l'illettrisme en France… Extrait de la page d'accueil du site Internet de la Croix-Rouge Française. RP05. Immigration. Les femmes, un atout d'intégration ignoré Les femmes immigrées, qui représentent 50,3 % des 4,5 millions d'immigrés en France, demeurent victimes de leur "invisibilité" à l'heure où, pourtant, l'amélioration de leur condition est "un enjeu décisif pour la République", souligne la Délégation aux droits des Femmes. Dans son rapport annuel rendu public hier, la Délégation note qu'alors que les "femmes immigrées pourraient être un formidable levier des politiques d'intégration des étrangers (…) aujourd'hui en panne", leur situation est "marquée par une grande fragilité". Nice Matin, 8 décembre 2005, p. 13 RP06. (…) Une "école" pour mères de familles Dans cette classe sans âge se mêlent visages ridés et figures poupines. Toutes n'ont pas le même niveau (…). Son français (Tinwalie) est balbutiant, c'était une bachelière (au Vietnam). Sa voisine, Fatma, vient d'un autre continent… et presque d'un autre monde. A la voir tenir son crayon et coucher sur le papier des lettres maladroites, on devine que cette Marocaine de 50 ans n'avait encore jamais fréquenté l'école… (…) Pas d'hommes à leurs côtés. "Leurs maris ne voudraient pas d'une classe mixte, ni même d'un formateur. C'est la condition pour qu'ils les laissent venir", glisse le principal du collège, Bruno P. Le collège Erasme, à Strasbourg/Bas-Rhin, dispense des cours gratuits d'initiation au français et d'alphabétisation depuis mars 2004. Quatre heures hebdomadaires pour cinquante mères d'élèves du collège et de cinq écoles. Objectif : lire un bulletin, suivre la scolarité de leur enfant et, au-delà, être plus autonome… "Pour impliquer les élèves, il faut que les parents aient les moyens de l'être. Nous voulons les aider à exercer pleinement leur responsabilité parentale", explique le principal. (Au collège où les mamans apprennent le français, Le Parisien, 25 janvier 2006, p. 14) RP07. Le ministre de l'Education, Gilles de Robien, s'est fixé hier un objectif de "100 000 étudiants titulaires d'une licence et élèves de première année des grandes écoles" exerçant un tutorat sur "100 000 élèves des quartiers défavorisés". 20 Minutes, 24 novembre 2005, p. 10. RP08. La coco a craqué… Il était une fois une militante communiste qui habitait une HLM de Bagnolet (Seine-Saint-Denis, 9-3 ; neuf-cube pour les intimes…). Une coco de base qui n'a mis personne dans les goulags, mais qui se battait sur le terrain pour changer le monde. Après plus de trente ans de lutte sur le terrain (travail de proximité : empêcher les saisies, aider les mères de famille immigrées à remplir leurs papiers, organiser l'amicale des locataires, etc.), elle en est réduite à fuir, écoeurée, le 50 rue Edouard-Vaillant (décor de mon roman Les Enfants rouges, Flammarion, 2001) parce qu'elle n'en peut plus de se faire insulter par des grands costauds d'une vingtaine d'années qui squattent le hall du rez-de-chaussée, où elle habite depuis 1972. À cette époque, nous vivions mélangés : "Feujs, blacks, blancs, beurs", dans une quasi harmonie, la solidarité, la fraternité… Ce qui n'empêchait pas les actes d'incivilité, des suicides, la violence, la drogue, l'alcool, etc. Mais on vivait ensemble, fiers et heureux, d'habiter au 50. Puis, la situation a changé peu à peu, la vie est devenue pus dure, les gens ont cessé de se saluer dans le hall d'entrée, de s'inviter, de se passer le sel. Les "Français" ont vieilli, les immigrés sont arrivés de plus en plus nombreux et la pauvreté avec… Le 50 s'est ghettoïsé comme ailleurs. Les mômes ont grandi et ont cessé de "respecter" les "anciens". Il y a une semaine, peu après l'insurrection des banlieues, ma mère m'appelle et me dit : "J'en peux plus, je déménage." Elle veut retourner vivre à Paris, de l'autre côté du périph où elle est née. Comme Jamel Debbouze et Joey Starr… Sauf qu'elle sait pour qui elle va voter. Elle votera coco…, même si elle n'a pas réussi à changer la vie de son quartier. Guillaume (émigré à Toulouse), Libération, Courrier, 24/25 décembre 2005, p. 5. (Un commentaire ? Cet adage : il vaut mieux apprendre à quelqu'un à pêcher plutôt que de lui offrir du poisson indéfiniment ! Et si la "coco" et ses camarades avaient viré leur pater/mater/nalisme à deux balles pour faire autre chose, comme apprendre à ces mères immigrées à lire et à écrire, au lieu de se contenter de les aider à remplir leurs papiers, tout en les maintenant dans l'analphabétisme ?! Notre "coco" aurait dû savoir que "les chiens ne font pas de chats !". Ce qui est certain, c'est que les grands gaillards, en situation d'échec scolaire et professionnel, qui squattent les halls d'immeubles, ici comme ailleurs, ont pour parents, dans 99,9 % des cas, des illettrés et des analphabètes... Ils ont vu l'"efficacité" de l'aide offerte à leurs parents, donc, ils savent parfaitement ce qui leur pend au nez... Aucune chance que ce soient des enfants de magistrats, de chercheurs, d'employés de banque, de pharmaciens, de comptables, de médecins, de journalistes, d'enseignants... Vous pariez ?)
RP09. Saignée "Le 7 novembre dernier, (…) vous avez reconnu que la baisse des crédits consacrés par l'Etat aux associations avait été une erreur (…). Aujourd'hui (…), la saignée se poursuit, faute de moyens, dans le tissu associatif de nos quartiers, mettant en péril le formidable travail de lien social porté par ses acteurs", écrit Bernard Roman, dans un courrier adressé au Premier ministre, Dominique de Villepin… Politis, 12 janvier 2006, p. 8. RP10. Associations (1) Les maires de banlieue s'exaspèrent de la réduction de leurs aides. (…) A Sarcelles (Val d'Oise), les crédits de l'Etat aux associations ont baissé de 20 % par an depuis 2003… Deux des plus grosses structures, Accueil et Culture et Sarcelles-jeunes ont été contraintes d'arrêter les cours d'alphabétisation et de soutien scolaire, faute de pouvoir payer les personnels. "C'est dramatique", dénonce le maire… Le Monde, 6 novembre 2005. RP11. L'énigme des écoles incendiées. (…) En trente ans, la porte de sortie qu'était l'école s'est brutalement refermée sur les enfants d'immigrés : "Dans ces quartiers, on ne partage plus que la misère, affirme encore Alain Bentolila. Ce n'est pas un ghetto culturel comme à Londres, par exemple. Ces jeunes ne savent pas d'où ils viennent ni où ils vont. Ils ne parlent pas arabe et maîtrisent mal le français. En maternelle, on attend d'un enfant qu'il connaisse environ 1000 mots. Eux en connaissent à peine 250. Résultat, ils ne dépassent jamais le simple déchiffrage et sont condamnés à 'illettrisme." L'école maternelle est "le lieu où tout a commencé et où, pour certains, tout s'est terminé !", mais la brûler ne déjouera pas l'implacable mécanisme.
Le Point, 16 novembre 2005. Selon l'élu [maire UDF de Drancy, 93], elle (la Croix Rouge) a décidé de se "désengager de la Seine-St-Denis au profit de ses actions internationales, sans doute plus médiatiques". Libération, 12 janvier 2006, p. 8. RP13. Violences scolaires. Ces profs "peau de vache" Avorton, cruche, dinde… les noms d'oiseau font partie du vocabulaire de certains profs et, parfois, brimades et humiliations prennent le pas. Des dérives inadmissibles et peu sanctionnées. Même si les profs peuvent eux-mêmes être maltraités. Le Point, 1er septembre 2005, p. 46, à propos de l'ouvrage L'élève humilié. L'école, un espace de non-droit ? Pierre Merle, PUF, 2005. RP14. Menaces sur les centres culturels français… À Vienne, les francophiles seront privés de cours. Le Figaro, 21 décembre 2005, p. 5. RP15. Ces fonctionnaires de la mairie sont SDF. (…) Plusieurs dizaines d'employés de la Ville de Paris sont toujours sans logement. Malgré la honte et la peur de leur hiérarchie, cinq d'entre eux osent témoigner. (…) "Il est inadmissible qu'aujourd'hui des fonctionnaires municipaux dorment dans leur bagnole !"" Paul Legal, secrétaire général du syndicat CFTC de la Ville de Paris, rapporte ces propos tenus par Bertrand Delanoë en septembre. Le Figaro Magazine, 28 janvier 2006, pp. 22-23. RP16. Les Français sont bien rurbains Petit mais costaud. Les petites communes rurales attirent de plus en plus d'habitants, anciens citadins pour la plupart. Une évolution constatée par les derniers recensements de l'Insee en 2004 et 2005. Déjà, en 1999, date du dernier comptage national, les villes de moins de 10 000 habitants "regroupaient la moitié de la population", soit 29,866 millions de personnes, rappelle l'institut. Depuis cette date, ces communes ne cessent de gonfler (…). Pour Jean-Michel C., directeur général de l'institut, c'est la "qualité de vie" qui prime. "Les populations qui quittent l'Ile-de-France pour des petites communes sont des retraités et des familles avec de jeunes enfants. Ils cherchent ailleurs des conditions de vie meilleures." Pas question pour autant de vivre à la campagne comme des paysans. (…) Depuis quelque années, Bouhy, hameau d'agriculteurs et de retraités, voit arriver ses "étrangers", franciliens pour la plupart… 20 Minutes, 19 janvier 2006, p. 6. RP17. Le Massif Central se repeuple (…) Symboles d'une France où les campagnes reprennent des couleurs, l'Auvergne et le Limousin regagnent de la population. Après vingt-cinq ans de déclin. (…) Il s'appelle Christopher Leonard. Comme son prénom l'indique, ce n'est as vraiment un Auvergnat pur sucre. Il y a trois encore, il était même la parfaite incarnation du cadre supérieur londonien, courant le monde de Sydney à Kuala Lumpur pour une société d'édition britannique. Aujourd'hui, il habite… Verneuil-en-Bourbonnais (Allier), 290 habitants. "J'ai eu le coup de foudre pour l'Auvergne, ses paysages, ses villages, sa bonne bouffe", confie-t-il. "On a ouvert quatre chambres d'hôte dans une somptueuse bâtisse de 600 mètres carrés, ajoute sa femme, Rachel. Nos enfants sont heureux ici, et nous aussi." (…) Cette bonne nouvelle pour le Massif Central illustre un mouvement général en France : les campagnes se repeuplent… L'Express, 19 janvier 2006 ; site l'Express.fr RP18. Beurs (émigration vers le Canada) Depuis le milieu des années 80, à la faveur de la crise économique et de l'instabilité politique qui secoue les pays du Maghreb, on assiste à l'arrivée de Maghrébins hautement qualifiés dans des disciplines de pointe, telles que le génie, l'informatique, la télématique, les sciences comptables, les finances et la gestion des affaires. Plusieurs ont une expérience de 10 à 15 ans dans des postes de responsabilité (cadres supérieurs). Fatima Houda-Pépin, Le Devoir, 26 mars 1993. (Opinion discutable) RP20. ZEP, la dérive (…) Avec un élève sur cinq scolarisé en zone d'éducation prioritaire, l'éducation nationale a contribué à faire de la discrimination positive une discrimination excessive. Non seulement ce qui aurait dû rester l'apanage d'un petit nombre s'est étendu à l'excès, mais ce qui aurait dû rester fluide et réversible est devenu contraint et figé. Les incitations financières attribuées aux enseignants pour stabiliser les équipes ont peu à peu abouti à les y incruster. Ce qui n'empêche pas, simultanément, les moins expérimentés des professeurs de se retrouver devant les élèves les plus difficiles. (…) Le temps des militants semble loin… Aujourd'hui, après plus de vingt ans d'existence, les zones d'éducation prioritaire sont essoufflées. Certaines auraient perdu le sens de leur mission, se contentant d'accompagner l'échec scolaire. (…) "Certains professeurs du secondaire se plaignent de l'hétérogénéité des classes. Ici, c'est l'inverse : nous n'en pouvons plus de l'homogénéité ! Nous, c'est 100 % de pauvres, 95 % d'immigrés, 0% de cadres supérieurs, 0% de cadres moyens, professions libérales, enseignants, commerçants et artisans." (…) "Ces parents ont du mal à appréhender le degré d'exigence de l'école. Pratiquement analphabètes en français, quant ils voient leur enfant lire et écrire, ils imaginent que cela suffit pour en faire un bon élève." (…) "Ce qui caractérise aujourd'hui la politique des ZEP, c'est l'absence de courage, d'ambitions et de moyens. Elle est diluée sur des lieux trop nombreux et réussit finalement le prodige d'être à la fois coûteuse et inefficace." Le Monde de l'Éducation, n° 313, avril 2003. RP21. Les marches pour l'égalité des années 80 ont été une erreur grave… Les îlotiers sont systématiquement caillassés dans certains quartiers… La société n'a pas réussi… Les parents n'ont pas fait leur devoir, l'école non plus… L'Éducation Nationale nous demande de prendre sa place pour faire de la discipline dans les établissements…, moi je dis non ! (Patrick M., policier, syndicaliste, Ripostes, La Cinquième, 12 novembre 2000) RP22. Université de Saint-Denis (Paris VIII) : 22,9% de réussite au Deug en deux ans, durée normale d'obtention de ce diplôme ; 80,7% de réussite à Dauphine (Paris-IX)... Pour les autres universités, le contraste est moindre. La plupart tournent, à 5% près, autour du taux de réussite moyen : 45,5% en deux ans. En trois ans, le chiffre monte à 68,8%... (Libération, 17 octobre 2001). RP23. La France a un système éducatif issu d'une société très hiérarchique et installé à la fin du XIXème siècle, un système où l'on apprend, mais où l'on n'apprend pas à apprendre... Donner à l'élève le goût d'apprendre, ce n'est pas lui dire "apprends et récite !" (Jacques Marseille, économiste, historien, universitaire, chez Y. Calvi, Europe 1, 25 février 2000). RP24. Nos programmes sont trop universitaires, trop abstraits, trop tôt... Par exemple, le programme d'histoire, en classe de troisième, requiert des élèves une capacité d'analyse digne de l'agrégation... (Luc Ferry, président de la Commission Nationale des Programmes, interrogé sur Europe 1 par Yves Calvi, 23 janvier 2002). RP25. On a des élèves de plus en plus inadaptés au fur et à mesure que les années passent (Une enseignante, Europe 1, 25 février 2000). RP26. Un enseignant du public sur cinq choisit l'école de ses enfants, parce qu'il connaît le système (Jacques Marseille, universitaire, Europe 1, 25 février 2000). RP27. Grands gagnants à la course de l'excellence…, les enfants de profs constituent le quart des promos de HEC, le tiers des rangs de l'X, plus de 40% des élèves de Centrale, Paris, la moitié de ceux de l'"Agro"… alors que leurs parents représentent à peine 5% de la population active. (Marie-Laure de Léotard, citée par le mensuel Capital, février 2002, p. 95). |
|||