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Source : TDC, n° 644, 10 février 1993. Femmes d'Afrique Noire.
(...) Atout majeur dans l'agriculture, les femmes d'Afrique noire produisent 90 % des ressources alimentaires. Point d'appui des projets de développement, elles s'approprient peu à peu les nouvelles technologies douces, contribuant grandement à la valorisation du continent. Enfin, vecteur de la modernité dans des sociétés encore ancrées dans la tradition, elles se battent pour modifier des comportements ancestraux, et elles le font savoir, notamment par le biais de mouvements associatifs très dynamiques.
Dossier : Catherine Quiminal
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Un hymne à la femme africaine...
L'interview de Cheick Oumar Sissoko, reproduite ci-dessus, ne manque pas de sel, s'agissant de certaines pesanteurs sociologiques héritées des temps anciens. Ainsi, à propos de l'excision, à la question : "... une Gambienne a été condamnée (en France) à cinq ans de prison avec sursis... pour avoir fait exciser ses filles. Qu'en pensez-vous ?", le cinéaste a cette réponse :
"Je n'en connais pas les circonstances, mais je m'inquiète chaque fois que c'est à une femme que l'on s'en prend lorsqu'il s'agit d'excision. C'est une décision familiale qui engage la responsabilité de l'homme et de la femme. Peut-être cela est-il dû aux lois françaises ? Certes, ce sont les femmes qui la pratiquent - et le film le montre -, mais elles le font sur commandement d'un homme. [Voilà qui laisse le lecteur dubitatif !]. Ainsi s'exprime d'ailleurs le chef du village : "On n'entendra jamais qu'une fille nubile à la poitrine pleine soit, dans mon village, non excisée !" [Ici, il semble que notre cinéaste confonde sa fiction avec la réalité !]. Cela risque par ailleurs de semer la peur dans le reste de la communauté qui continuera ces pratiques mais plus clandestinement et donc plus dangereusemnet. Il faut faire un travail d'information des populations par l'intermédiaire des différents Etats. Cela se fait au Sénégal, au Niger et au Burkina Faso."
Les réponses de ce cinéaste africain ne laissent d'intriguer, dans la mesure où l'on ne voit pas très bien ce qu'il entend par "semer la peur dans le reste de la communauté" ; rappelons que la condamnation de cette femme a eu lieu en France et pas dans un village africain. Quant à la clandestinité, elle pourrait se concevoir dans des campagnes africaines, avec des fillettes non scolarisées, certainement pas en Europe, sur des gamines scolarisées, donc accessibles quotidiennement par le personnel scolaire ! Quant au fait de ne condamner que la mère, il me semble qu'une procédure juridictionnelle repose sur une instruction, des interrogatoires ainsi que sur des débats contradictoires. On imagine que si la mère a été condamnée c'est qu'il relevait de l'ensemble du dossier que sa culpabilité était établie ; il y a donc comme une contradition entre les faits (ce sont les femmes les principales décisionnaires en la matière, aucun homme n'étant jamais intervenu physiquement dans une procédure d'excision), et les fantasmes de tel ou tel personnage fictif tiré d'un film ! Quant au glissement effectué par le cinéaste, entre un fait divers survenu en France et des pays africains, il ressemble fort à un coup de botte en touche ! L'essentiel n'est-il pas que les Africain(e)s vivant en France respectent les lois françaises, lois qu'ils connaissent d'autant mieux que les victimes de l'excision ne sont jamais demanderesses pour se faire mutiler ! Quant aux exciseuses, on les fait généralement venir exprès du village, ce qui engage des frais, exige l'obtention d'un visa auprès des autorités françaises, etc. Il me semble qu'il devrait être facile de faire comprendre à ces villageoises que leur déplacement en Europe pourrait les mener dans une prison, ce qui devrait s'avérer dissuasif !
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